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Un message à toutes les étudiantes et tous les étudiants,

Par le Dr Jonathan DellaVedova, Clinicien responsable du bien-être, Formation médicale postdoctorale à l’EMNO :

Chaque année au mois de décembre, j’apprécie les lumières scintillantes, les mets réconfortants et les invitations aux réceptions de Noël; un festival de lumières et de convivialité pendant cette période la plus sombre de l’année. Décembre peut être difficile, surtout quand on n’a pas de liens et que le lustre des fêtes ne tient pas ses promesses. Nous, les résidents et médecins, sacrifions aussi notre période de rechargement afin que d’autres puissent être joyeux. Décembre dernier fut pour notre école la période la plus difficile car nous avons malheureusement perdu un des nôtres.

Une conseillère ici, à Sault Ste. Marie, a fait une analogie au sujet du suicide que je n’oublierai jamais. Elle a dit que le suicide est comme un casse-tête. Vous pouvez avoir un morceau et moi un autre, mais malheureusement, personne ne les possède tous. Si toute personne raisonnable les avait, elle lâcherait tout, se précipiterait à la rescousse et le suicide n’existerait pas. Mais ce n’est pas comme cela que ça marche. Même les gens les plus proches de la personne peuvent avoir seulement quelques indices et tous les gens qui restent sont surpris par la quantité de renseignements qu’ils ne possédaient pas, ce qui laisse des sentiments de tristesse, d’anéantissement, de regret et de culpabilité.

La semaine dernière, un autre étudiant en médecine s’est suicidé. Dans ce cas, je n’ai absolument aucun morceau du casse-tête et vous pourriez dire que je n’ai pas besoin d’écrire sur le sujet. Mais je dis « nous » parce que même si le suicide s’est produit dans une autre école, il reste que notre famille de formation en médecine est petite. Nous faisons tous la même expérience, une expérience que les gens de l’extérieur ne peuvent pas comprendre et que nous ne voulons pas nécessairement qu’ils comprennent.

Il se peut que les exigences de la formation en médecine n’entrent pas en jeu dans cette tragédie en particulier, mais il suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques pour voir que notre profession et ses étudiants sont vulnérables. Il est impossible de ne pas s’interroger sur le rôle de l’environnement de formation où les enjeux sont grands, des pressions sociales, des pressions financières, des expositions répétées aux traumatismes et de ce qui se passe quand nous ne progressons pas comme prévu.

Notre profession se trouve à l’avant-garde de l’avancement de la santé. Singulièrement, les preuves et les données nous motivent. Et pourtant, nous sommes coincés lorsqu’il s’agit du suicide. Nous sommes des humanitaires qui n’ont pas conscience de leur humanité.

Quand, selon l’AMC, 8 % des médecins ont envisagé de se suicider l’année dernière, il est clair que l’ensemble du système doit être révisé. En attendant, qu’est-ce qu’un programme ou une école peut faire dans le contexte général des systèmes de santé et d’éducation? Je me tourne vers mes collègues, certains leaders les plus attentionnés et influents que j’ai rencontrés. Ne pourrions-nous pas, en tant que nouvelle école que les traditions n’emprisonnent pas et gratifiée d’innovateurs, prendre quelques morceaux du casse-tête?

C’est la période de Noël et « Imagine » de John Lennon tourne à plein tube. Imaginez un monde où les étudiants qui éprouvent des difficultés scolaires obtiennent sans tarder la planification et l’encadrement dont ils ont besoin. Imaginez que nous possédons plus qu’assez de professeurs qualifiés pour offrir l’attention supplémentaire que nos étudiants méritent. Imaginez un monde où les étudiants en proie à des problèmes de santé mentale peuvent faire une pause ou obtenir une réduction de leur charge de travail sans être stigmatisés. Imaginez un monde où les protections fondamentales des étudiants prévues dans les conventions collectives sont respectées au strict minimum et sans entraîner de reproches. Imaginez que tous les étudiants ont accès rapidement à des soins primaires, des soins psychiatriques et de la psychothérapie quand ils en ont besoin, y compris à des séances de bilan après des événements traumatisants. Imaginez un monde où nos étudiants profitent des nombreux bienfaits des stages éloignés sans avoir à se soucier du logement ou de l’isolement social. Imaginez un monde où les étudiants reçoivent le soutien moral, pratique et financier s’ils apprennent que la médecine clinique n’est pas pour eux. Imaginez que nous apprenons tous dans un climat de coopération, de collégialité, de respect et de bonté. Tout cela est à notre portée si nous avons la volonté d’y arriver.

Je ne peux m’empêcher d’observer le pic du nombre d’étudiants qui demandent de l’aide avant les fêtes. Pour nos résidents en première année, le vernis de la résidence s’use. Pour les résidents des années supérieures, une période d’études intenses pour les examens commence. Et nos étudiants en milieu de résidence traversent péniblement des années de clinique chargées. Nous sommes tous touchés par la rareté de lumière naturelle à cette période de l’année. Tous nos résidents travailleront une partie des vacances et je n’arrive pas à me souvenir d’un 2 janvier pendant ma résidence où j’ai eu l’impression d’avoir effectivement fait une pause. La convivialité et le repos que cette période est censée apporter peuvent facilement se perdre dans la mêlée.

Ceci dit, si vous avez des bases solides cette année, prenez quelques minutes pour envoyer une invitation, une carte, une note ou un mot gentil à un collègue. Cela fait beaucoup de bien. En attendant, la doyenne et d’autres cadres supérieurs de l’EMNO ont réitéré leur engagement à effectuer des changements qui créeront un environnement d’apprentissage plus sain, plus humain, plus souple et plus ouvert. Nous avons donc une raison non seulement d’imaginer mais aussi d’espérer.

Ressources pour les étudiants, les résidents et le corps professoral de l’EMNO :

Ligne d’assistance 24 h/24 PARO : 1-866-435-7362
Physician Health Program : 1-800-663-6729
Dr Jonathan DellaVedova : residentwellness@nosm.ca
Affaires étudiantes : learneraffairs@nosm.ca
Morneau-Shepell : workhealthlife.com

Conseils de l’EMNO sur la santé mentale pour les étudiants en médecine

Si vous sentez dépassé(e), demandez de l’aide. L’EMNO est ici pour vous aider. Nick Alderton est agent principal des affaires étudiantes à l’EMNO et titulaire d’une maîtrise en psychologie du sport appliquée de l’Université d’Ottawa; son point fort est de conseiller des athlètes de haut calibre. Il établit des parallèles entre eux et les étudiants en médecine très performants qu’il voit dans son travail – les deux aiment la compétition et la pression, ce qui peut parfois être accablant.

1. Soyez conscients de votre humeur et reconnaissez les signes d’anxiété et de stress élevés.

« Les gens peuvent parfois sentir davantage de pression pour diverses raisons, mais souvent, chez les étudiants et les athlètes très performants, il est facile d’envisager une situation catastrophique (de penser aux pires résultats de ce que qui se passera si vous ne réussissez pas quelque chose en particulier), ou d’exagérer les résultats négatifs de ce qui pourrait arriver » explique M. Alderton. Il pense que vous devez avoir conscience de ce sentiment qui se manifeste souvent par des pensées négatives.

Avoir conscience que vous voyez tout sous un angle catastrophique est un signe qu’il faut demander conseil ou du soutien. Penser au pire est ce qu’on appelle une

« distorsion cognitive ». Une personne qui envisage le pire attend habituellement un résultat défavorable d’un événement et se dit que ce sera un désastre1.
Cela peut parfois arriver pendant des périodes de stress ou de pression accru pendant l’année universitaire. Par exemple, un étudiant peut se dire : « Si j’échoue à cet examen, je ne vaux rien » ou « Si je ne trouve pas de jumelage du CaRMS, ma carrière est finie et je devrai abandonner ».

2. Concentrez-vous sur le moment présent et les très petites étapes à franchir

« Cette démarche est utile car elle permet de revenir au moment présent. De plus, pensez aux très petites étapes que vous pouvez franchir maintenant pour aller de l’avant. »

M. Alderton dit qu’une bonne technique est d’avoir une idée claire de ce que vous essayez d’accomplir chaque jour et de décortiquer la tâche : « Si vous vous concentrez sur les toutes petites étapes, cela vous aidera à gérer vos idées noires et à vous concentrer de nouveau sur le résultat désiré ».
1 https://www.medicalnewstoday.com/articles/320844.php

Il ajoute qu’une stratégie que le Bureau des affaires étudiantes emploie est d’obliger les étudiants de première année à se prêter à un entretien pour vérifier comment ils se tirent d’affaires et s’accommodent du nouvel environnement.

3. N’oubliez pas que vous contrôlez seulement certaines actions et certains résultats.

« Il suffit parfois de voir ce que vous pouvez et ne pouvez pas contrôler. Rappelez-vous que vous faites de votre mieux dans chacun de vos cours, dans chacun de vos stages et dans vos expériences cliniques… mais que vous ne contrôlez pas le lieu où vous aurez un jumelage. Vous pouvez seulement vous présentez du mieux que vous pouvez car en fin de compte, c’est tout ce que vous pouvez contrôler » affirme M. Alderton.

4. N’ayez pas l’idée fixe d’être le meilleur.

Les athlètes très performants ont l’habitude d’avoir une très bonne opinion d’euxmêmes et souvent, s’évaluent naturellement par rapport aux autres. La même remarque vaut pour les étudiants en médecine qui réussissent bien et sont « habitués à être les premiers de leur classe. Ils arrivent ensuite à l’école de médecine où ils se joignent à un groupe d’autres étudiants qui sont aussi habitués à exceller. J’ai vu cela dans beaucoup de sports, et c’est une transition pour tous lorsque vous ne vous distinguez plus car tout le monde est le premier de sa classe. Il peut être difficile de s’adapter ».

M. Alderton rappelle aux étudiants en médecine qu’ils ont déjà accompli quelque chose. Ils ont été acceptés à l’école de médecine pour une raison.

« Le principal est de comprendre que vous êtes à votre place ici et que vous n’avez pas besoin d’être le meilleur. Vous n’avez pas besoin d’avoir le sentiment d’être plus intelligent que tout le monde. Juste le fait d’être ici est un accomplissement en soi. Et la compétition est terminée à ce stade, il faut trouver ce qui vous convient le mieux, sans essayer de surpasser tout le monde . »

5. Envisagez de suivre une formation unique en santé mentale qui peut se révéler utile au travail et ailleurs

Alderton encourage les étudiants à chercher des ressources qui les aideront à s’instruire sur leur propre santé mentale. Par exemple, un comité dirigé par des étudiants offre une formation sur les compétences appliquées en prévention du suicide, intitulée ASIST, pour améliorer la sensibilisation. Si le programme ASIST ou les premiers soins en santé mentale ou des cours communautaires vous intéressent, adressez-vous au Bureau des affaires étudiantes.

6. Essayez de tenir un journal pour approfondir vos réflexions.

Le Bureau des affaires étudiantes de l’EMNO encourage une autre stratégie : tenir un journal. Les étudiants apprennent l’utilité de tenir un journal personnel pendant toutes leurs études afin de réfléchir sur leurs expériences. Il les aide à bien comprendre ce qui se passe. C’est vraiment un bon moyen de déterminer le type de médecin que vous aimeriez devenir et les objectifs que voulez atteindre.

« Cette stratégie peut également vous aider à développer votre personnalité en tant que médecin et à songer aux types d’environnement qui vous conviennent le mieux, en plus de vous aider à assimiler des expériences difficiles. C’est par conséquent un bon outil d’apprentissage et pour la santé mentale ».

7. Conservez des liens avec votre réseau de soutien en dehors de l’école.

Un autre conseil clé de M. Alderton est d’encourager les étudiants en médecine à conserver leurs passe-temps et intérêts ainsi que des liens avec leur famille et leurs amis.

« Je pense qu’il est important d’avoir une vie en dehors de l’école et de conserver vos amis qui ne sont pas en médecine. Si tous vos amis sont à l’école de médecine et font face aux mêmes défis, vos propres défis peuvent être accentués. »

Vos passe-temps, les pauses mentales, les choses de la vie qui vous distraient, vous permettent de vous renouveler ou vous apportent du bien-être vous aident à mettre les choses en perspective. Un changement d’environnement peut être salutaire.

« Dans les sports, nous faisons l’analogie avec une plante qui ne prospère pas. Parfois, il faut la rempoter et la changer d’environnement. La même remarque vaut pour les gens. »

8. Surveillez-vous en prenant rendez-vous au Bureau des affaires étudiantes pour effectuer une vérification.

Si vous avez besoin de conseils ou d’aide pour la vie étudiante quotidienne, prenez rendez-vous avec le Bureau des affaires étudiantes. Les étudiants en médecine et autres de l’EMNO ont aussi accès au programme d’aide Morneau Shepell et à des conseillers en santé mentale de la Lakehead University et de l’Université Laurentienne.

Dix bons conseils de survie : recette de l’EMNO pour prendre soin de soi

J’entame mon sixième mois à mon poste et malgré mon programme chargé de voyages et de réunions, je me rends compte qu’il est maintenant temps de faire le point et de donner l’exemple des bons soins de soi.

Le temps est très précieux. Je recommande consciemment de prendre le temps de s’exercer à prendre soin de soi. Étant moi-même novice sur ce point, j’ai demandé des conseils à vous transmettre à la veille du temps des fêtes.

décembre 3, 2019

NOSM University