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Une médecin de Marathon conseille à la population étudiante en médecine de garder l’esprit ouvert concernant l’exercice en milieu rural

Si elle avait choisi une autre voie, la Dre Lily DeMiglio exercerait probablement dans sa ville natale, Sault Ste. Marie. C’est ce qui lui est venu tout d’abord à l’esprit à la fin des programmes de médecine et de résidence en médecine familiale de l’Université de l’EMNO. Elle ne se doutait pas qu’elle aurait le coup de foudre pour une communauté à 400 km au Nord du Soo sur la rive nord de l’imposant lac Supérieur.

La Dre DeMiglio a toujours trouvé Marathon très charmante mais en plus, elle adore la vaste portée de son travail de généraliste rurale : des soins en hospitalisation et au service d’urgence jusqu’au travail en clinique et avec des Premières Nations. Elle aime la souplesse de son horaire : « J’ai le temps d’enseigner et de siéger à des comités. Je ne fais pas la même chose chaque jour ». « J’aime vraiment ma vie à Marathon. »

Pour s’adapter aux besoins de ses patients et de la communauté, la Dre DeMiglio élargit régulièrement sa série de compétences (elle est maintenant coroner, par exemple) et recommande à d’autres généralistes ruraux de saisir l’occasion de continuer de s’instruire : « Vous ne pouvez pas tout savoir. Au fil du temps, vous obtenez de l’expérience et lorsque vous en manquez, vous pouvez toujours appeler un ami. »

Cette mentalité d’« appeler un ami » soutient la Dre DeMiglio en tout temps. Elle l’a aidée à développer sa résilience personnelle et à résoudre les problèmes des patients.

« La médecine est très collégiale. Je trouve en grande partie de l’aide auprès de mes collègues de l’école de médecine. »

« Votre équipe, ce sont vos collègues médecins et infirmiers, poursuit-elle. C’est tout le monde : le personnel d’entretien, le personnel administratif. Dans une communauté rurale, vous devez vraiment faire appel à toutes les mains. »

L’exercice en milieu rural s’accompagne de défis très réels, et parfois les médecins ruraux du Nord sont à la merci de facteurs qui échappent complètement à leur contrôle : « Je pense à la géographie. J’ai eu la pire malchance avec un patient qui avait besoin de soins urgents dans un grand centre alors que la route était fermée et qu’Ornge (ambulance aérienne de l’Ontario) ne volait pas ».

« Même si j’ai un vaste champ d’exercice, à la fin de la journée, ce patient avait besoin d’un plus haut niveau de soins. Cela peut être difficile à gérer. En rétrospective, nous surmontons ces défis en sollicitant notre équipe et en faisant du mieux que nous pouvons. »

Peu importe les inconvénients, et le fait qu’elle n’a aucun contrôle sur la météo, elle se trouve à sa place dans le Nord rural : « Ma plus grande joie est la continuité des soins que je peux offrir à mes patients. Suivre des familles et suivre des patients tout au long de leur vie. J’accorde de l’importance aux relations, alors j’apprécie cela beaucoup ».

La Dre DeMiglio se plaît à aider les futurs médecins. Elle a récemment remporté le Prix de l’enseignante de l’année nommée par la population étudiante de l’Université de l’EMNO : « Ma passion pour la médecine se renforce chaque fois que j’ai des étudiantes ou étudiants ».

Elle offre des conseils sur les qualités d’une bonne étudiante ou d’un bon étudiant en médecine : « Soyez curieux, honnêtes, écoutez attentivement, et saisissez chaque occasion d’améliorer votre expérience clinique. Gardez l’esprit ouvert et sachez que vous ferez des erreurs. Il n’est pas nécessaire d’être parfait ».

Pour sa part, la raison d’être de la Dre DeMiglio est de pouvoir répondre à un besoin réel et de prodiguer des soins aux membres d’une communauté insuffisamment desservie.

« J’apprécie d’avoir été formée dans le Nord, conclut-elle. J’ai le sentiment de devoir apporter quelque chose à mon tour. »

Cet entretien devant un feu de camp a été possible grâce à la généreuse commandite de Weaver Simmons.

« J’embarque » : Rencontrez la Dre Akila Whiley, médecin de famille qui a tracé sa propre voie et élu domicile à Red Lake

« On était en janvier et il faisait moins 40, se souvient la Dre Akila Whiley qui relate son arrivée dans la petite ville de Red Lake, à environ 500 km au nord-ouest de Thunder Bay. C’était une nuit noire. Je ne savais pas où j’étais. La personne qui dégage la piste m’a conduite chez moi… Je n’avais pas mes bagages. »

« C’était tout simplement fou! »

La Dre Whiley est originaire de Halifax. Après son baccalauréat à la McGill University à Montréal, elle est retournée dans sa ville pour étudier à l’école de médecine de Dalhousie puis a obtenu une place en résidence en médecine familiale à l’University of Toronto. Jusqu’à ce moment-là, selon son expérience dans de grands centres urbains uniquement, l’accent semblait être sur les spécialisations, n’importe quoi sauf le généralisme rural et la médecine familiale.

« Ce n’était pas réellement ce que je voulais, dit-elle au sujet de ses options pour sa dernière année de résidence. Alors j’ai honnêtement dressé la carte des endroits où je pourrais aller… et j’ai choisi le lieu le plus éloigné sur la carte. »

C’était Red Lake, et elle dit qu’au début de sa résidence là-bas « il m’a fallu être très brave. C’était réellement effrayant. » Mais elle a dû se montrer courageuse car elle a fait très bonne impression. Le dernier jour, un médecin local lui a demandé de revenir exercer à Red Lake.

« Je n’y avais pas pensé. J’ai pris l’avion et suis partie. C’est alors que j’ai eu le sentiment horrible que je ne reviendrai jamais. Ce fut mon signe. »

« J’ai écrit au médecin une semaine plus tard pour lui dire… j’embarque. »

Quatre mois plus tard, elle était de nouveau dans l’avion pour Red Lake.

« On se lance, c’est tout, dit-elle au sujet de son installation à Red Lake. On le sait immédiatement. Je savais que je voulais aller à Red Lake, mais en y repensant, il fallait du courage. »

Au cours de sa première année dans la communauté, malgré une pointe de « syndrome de l’imposteur », elle savait qu’elle était bien formée pour être une bonne généraliste rurale et médecin de famille. Elle savait aussi qu’elle n’était pas seule : « Dans les communautés comme la nôtre, j’ai toujours eu le sentiment que quelqu’un était prêt à m’aider au besoin ».

Et elle a eu besoin d’aide. En effet, au cours de ses trois premières semaines en fonction, il a fallu évacuer complètement l’hôpital de Red Lake à cause des incendies de forêts menaçants.

« On peut se préparer pour plusieurs choses, dit-elle de son expérience surréelle. Mais il y a aussi celles qui demandent du courage, du leadership, un engagement envers la communauté et les ressources sûres dont on dispose à titre de clinicien. »

Chaque patient a été évacué en toute sécurité, et la Dre Whiley voit maintenant combien cet événement effrayant a galvanisé la communauté encore plus : « Ce fut un effort collectif remarquable. Je vois beaucoup de gens, et ils me rappellent que nous sommes liés car nous avons traversé cette expérience ensemble ».

La population de Red Lake l’appuie et l’estime : « Je sens que je suis très bienvenue et que mon travail est apprécié. Vous savez, c’est spécial de servir une petite communauté unique et unie. C’est un sentiment difficile à décrire. On se soucie sincèrement des gens à tous les stades de leur vie. Je me réalise pleinement ».

Cet entretien devant un feu de camp a été possible grâce à la généreuse commandite de Weaver Simmons.

Le soutien des mentors et des communautés inspire un diplômé de l’Université de l’EMNO à exercer la médecine rurale

 

Le Dr Adam Moir (MD 2009, Médecine familiale 2011) est généraliste rural et trouve utile d’avoir des mentors : « Un de mes points forts est la capacité de considérer les personnes que j’admire comme des mentors. Je m’adresse à des praticiens dans divers domaines de la médecine qui ont des compétences différentes des miennes et j’essaie de me passionner moi aussi pour le travail clinique ou l’enseignement ».

Il se souvient qu’au début de ses études de médecine à l’EMNO, il a établi des liens avec des mentors qu’il apprécie encore aujourd’hui. Il a effectué de ses premiers stages à Terrace Bay et à Marathon sur la rive nord : « J’ai passé toute ma troisième année de médecine à Hunstville et bénéficié du soutien exceptionnel d’enseignants cliniciens ».

« Je pense que les bons cliniciens veulent être mentors; c’est pourquoi ils aiment qu’on s’adresse à eux » confie-t-il.

« Lorsque nous songeons à la médecine rurale, nous avons tendance à penser que nous sommes isolés et que nous n’avons pas de réseau ou de communauté clinique. Mais en fait, nous avons un réseau bien plus vaste. Ces mentors et les contacts dans tout le Nord de l’Ontario nous épaulent vraiment lorsque nous travaillons dans un cadre rural. »

Le Dr Moir s’empresse de souligner que le réseau n’est pas seulement constitué de médecins. En effet, dans une petite ville comme Dryden, c’est toute la communauté qui vous aide.

Parfois, les gens lui apportent des bleuets, des biscuits ou des marinades faites maison. D’autres fois, ils déblaient son entrée avant qu’il en ait l’occasion : « Les gens me montrent quotidiennement qu’ils m’apprécient en tant que médecin. C’est toujours agréable de se sentir apprécié, et les petites communautés le font de manière impressionnante. Toute cette estime est bonne pour le moral ».

Il souligne qu’il a appris à réserver du temps pour prendre soin de lui et de sa famille, mais nourrit toujours une passion pour son métier, et ajoute que la pénurie de ressources humaines en santé sévit depuis longtemps dans le Nord de l’Ontario et que de nombreuses communautés connaissent périodiquement des crises. Il encourage la prochaine génération de médecins à accepter cette réalité et à ne pas se décourager, mais aussi à ne pas trop se sacrifier parce que « rester en santé et heureux permet d’avoir une longue carrière enrichissante ».

Le Dr Moir espère que beaucoup de futurs médecins auront des expériences semblables à la sienne. L’apprentissage dans des communautés apporte une vaste réseau de précepteurs, permet de trouver des mentors et est propice à l’entraide, tout ce qui, à son avis, est important pour un généraliste rural.

Selon lui, « la population étudiante de l’Université de l’EMNO apporte une énergie incroyable et a une précieuse incidence pendant son séjour dans des communautés de la région. »

« Les étudiantes et étudiants en médecine m’inspirent! Ils débordent d’énergie, se passionnent pour l’apprentissage, ont soif d’expérience et sont très reconnaissants. Cet enthousiasme m’encourage, me revigore et fait de moi un meilleur médecin.

Cet entretien devant un feu de camp a été possible grâce à la généreuse commandite de Weaver Simmons.

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