Faire un don!

Entretien avec Joseph LeBlanc

Joseph LeBlanc est le nouveau directeur des affaires autochtones à l’École de médecine du Nord de l’Ontario.

Parlez-moi de vos antécédents. Que faisiez-vous avant de venir à l’EMNO?

J’ai toujours vécu dans le Nord de l’Ontario et je suis membre du territoire non cédé de Wiikwemkoong. J’ai travaillé pour des conseils tribaux et des organismes territoriaux politiques ainsi que pour des établissements d’enseignement et des organismes de bienfaisance des Premières Nations. J’ai préparé mon doctorat dans des communautés de la Nishnawbe Aski Nation où j’ai étudié les effets de la gestion industrielle des forêts sur leurs systèmes alimentaires. Avant de venir à l’EMNO, j’étais directeur général du Conseil de planification sociale de Sudbury. J’oeuvre donc dans le secteur du développement communautaire depuis très longtemps.

Quel aspect de ce poste vous a attiré?

Ce qui m’a intéressé le plus a été la possibilité de contribuer à un changement positif. Lorsque j’ai appris l’existence de ce poste, j’ai pensé qu’il offrait la possibilité de promouvoir la santé et le bien-être de nos communautés, ce qui me plaisait beaucoup. C’est l’occasion de travailler dans le domaine universitaire et de participer à la formation de la prochaine génération de médecins afin qu’ils soient bien conscients de la réalité des peuples autochtones dans le Nord de l’Ontario et la comprennent, et puissent leur prodiguer des soins culturellement appropriés.

Comment a été l’expérience jusqu’à présent?

L’expérience a en général été positive. Je sais que nous avons beaucoup de travail à faire mais je me réjouis que l’École ait formé le Groupe d’experts sur les relations avec les Autochtones qui a publié son important rapport à la fin septembre. Il a été très important de l’avoir et nous sommes maintenant au courant de la situation et avons maintenant une vision claire de la direction que nous voulons suivre.

Qu’espérez-vous accomplir à ce poste?

L’École est guidée par son mandat qui est d’améliorer la santé des gens et des communautés du Nord de l’Ontario, un aspect inhérent de nos relations avec les communautés autochtones que nous servons. J’espère qu’en tant que directeur des affaires autochtones, je pourrais nous rapprocher de cet objectif. J’ai vu un chemin pour aller de l’avant dans le rapport du groupe d’experts. Mon principal but est donc de progresser dans la mise en œuvre des recommandations et de tirer parti du travail accompli pour honorer ce mandat d’imputabilité sociale.

Voulez-vous dire quelque chose à la population du Nord de l’Ontario à votre sujet ou sur l’Unité des affaires autochtones?

J’aimerais que les gens sachent que nous sommes prêts à agir pour répondre à leurs besoins et intérêts. Si des lecteurs ou des particuliers ont des idées de recherche, des questions ou des projets pour lesquels l’EMNO pourrait apporter de l’aide, je veux qu’ils sachent qu’ils ne doivent pas hésiter à nous le dire.

Trente années d’excellence

Le Dr Grant McKercher, professeur adjoint à l’École de médecine du Nord de l’Ontario et médecin de famille à North Bay, a reçu le Prix de distinction du Collège des médecins de famille du Canada et de la Société canadienne de gériatrie pour les soins de santé aux personnes âgées.

Ce prix récompense les médecins de famille en exercice qui ont apporté des contributions substantielles aux soins de haute qualité axés sur les personnes âgées du Canada.

Beaucoup de professionnels de la santé et d’habitants de North Bay reconnaissent le Dr McKercher dans cette description. En exercice dans la région depuis 30 ans, il exerçait seul dans son cabinet de médecine familiale puis, en 1998, il a ciblé les soins de santé physique et mentale aux personnes âgées.

« J’avais beaucoup de patients âgés à cette époque et je travaillais dans des établissements de soins de longue durée. Je me suis donc intéressé à ce domaine dès mes débuts en médecine familiale, dit-il. Puis, en 1995, j’ai fait un stage de recherche d’un mois en gériatrie commandité par la Légion royale canadienne. Cette expérience a éveillé mon enthousiasme pour le travail avec cette population, et c’est alors que j’ai décidé d’effectuer une année supplémentaire de formation en soins des personnes âgées à l’University of Western Ontario. »

Après sa formation, il a accepté un poste dans le programme de santé mentale des personnes âgées de l’Hôpital psychiatrique de North Bay qui fait maintenant partie du Centre régional de santé de North Bay où il est depuis 20 ans.

Le Dr McKercher a enseigné tout au long de sa carrière, tout d’abord à des étudiants de l’Université d’Ottawa puis dans les rangs du corps professoral de l’EMNO en 2007. À l’École, il a aussi été directeur du programme de compétences avancées dans les soins de médecine familiale aux personnes âgées : « Je pense qu’il est extrêmement important de transmettre cette expertise clinique et ces connaissances en gériatrie car nous ne recevons pas toujours cette formation particulière au premier cycle et pendant la résidence. Nous voyons beaucoup de personnes âgées en médecine familiale et dans les stages dans les spécialités. C’est pourquoi il est important d’acquérir de l’expertise dans les soins de cette population. »

Depuis la fondation de l’EMNO et l’instauration du programme de compétences avancées dans les soins de médecine familiale aux personnes âgées, le Dr McKercher affirme avoir constaté un grand changement dans le paysage des soins de santé du Nord de l’Ontario : « Plusieurs médecins de famille ont suivi le programme et exercent maintenant dans diverses villes du Nord de l’Ontario. Nous établissons ce réseau de médecins et de ressources cliniques pour épauler les médecins de famille et d’autres praticiens de la santé de la région. »

En ce qui concerne son prix, il est très honoré que ses pairs et ses collègues l’aient proposé : « Une carrière est un processus évolutif quotidien. Nous ne le voyons peut-être pas personnellement jusqu’à ce qu’on nous le souligne. Le fait que des collègues se manifestent et offrent cette reconnaissance est un honneur très spécial. »

Enseigner aux enseignants

L’École de médecine du Nord de l’Ontario a été fondée en partant du principe que si les professionnels de la santé sont formés dans le Nord, ils resteront dans le Nord.

Pour former ces étudiants, il faut des enseignants-cliniciens dans les communautés de la région.

Les responsables du Programme de réadaptation de l’EMNO ont élaboré les séances Preceptor 101 pour augmenter le nombre d’enseignants-cliniciens dans le Nord. Ces séances visent les professionnels de la santé, notamment des audiologistes, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes et des orthophonistes qui désirent devenir précepteurs ou possèdent de l’expérience mais souhaitent mieux connaître les pratiques exemplaires.

Brock Chisholm, responsable de la liaison pour l’apprentissage clinique dans le Programme de réadaptation de l’EMNO, a conçu la première version des séances avec Kirsten Pavlich en 2001 avant l’établissement de l’École.

« Nous avions un atelier de formation clinique deux fois par an, mais il portait habituellement sur des sujets assez avancés, explique-t-il. Nous avons créé Preceptor 101 en pensant tout regrouper dans une version abrégée contenant uniquement les renseignements essentiels. »

Au fil des années, la fréquence des séances a évolué pour passer d’une journée complète à un seul endroit à plusieurs petites séances d’une demi-journée dans des villes de la province: « Étant donné notre géographie, il est plus facile pour les professionnels de la santé de suivre une formation sur place que de prendre plusieurs jours pour se déplacer, explique Grace King, responsable de la liaison pour l’apprentissage clinique à l’EMNO et coorganisatrice des séances dans le Nord-Est. La formation est beaucoup plus accessible sur le plan pratique et réduit peu le temps consacré aux soins directs aux patients. »

L’année dernière à l’automne M. Chisholm et Mme King ainsi que Regan Buldoc et Cindy Davis Maille, ont organisé six séances à North Bay, Sudbury, Sault Ste. Marie, Thunder Bay, Kenora et Sioux Lookout.

Selon M. Chisholm, les possibilités de formation clinique, y compris celles de Preceptor 101, jouent un rôle crucial dans le recrutement d’étudiants dans le Nord : « Plus nous avons de précepteurs experts, plus nous pouvons offrir de stages cliniques. Et plus il y a de possibilités de stages, plus la probabilité de recruter des étudiants intéressés à venir dans la région est élevée. »

Il ajoute que les séances de Preceptor 101 ont aussi joué un rôle crucial dans le maintien en poste de professionnels de la santé en exercice dans ces villes : « Les fournisseurs de soins de santé du Nord sont géographiquement et professionnellement isolés. Par conséquent, en assistant à un cours comme celui-ci, ils peuvent établir des liens avec d’autres personnes, se sentir moins isolés et plus engagés dans l’apprentissage professionnel. Étant donné que l’enseignement est également un bon moyen de conserver ses compétences, des possibilités comme cellesci de se tenir au courant et de rester actifs et engagés sont fondamentales pour les cliniciens. »

Mme Davis-Maille pense que les séances témoignent du regain d’intérêt pour l’apprentissage et l’exercice dans le Nord : « Il y a toujours beaucoup d’étudiants intéressés à venir, et il y a beaucoup d’excellents professionnels de la santé prêts à leur enseigner et à partager leurs connaissances. »

NOSM University