Faire un don!

Persévérance et Compassion De l’Ouganda à la Première Nation d’Eabametoong First Nation

Posted on March 9, 2022

La Dre Jacinta Oyella avait dix ans quand l’Ouganda était en proie à une agitation politique mortelle causée par un groupe qui commettait des crimes contre l’humanité. Cette période l’a inspirée à trouver un sens dans la souffrance qui l’entourait et à voir le bien dans le cœur des personnes qui persévéraient à prendre soin des désespérés.

La Dre Jacinta Oyella ne croit pas aux coïncidences dans la vie. Après une enfance marquée par les atrocités dans l’Ouganda déchiré par la guerre civile, Jacinta a immigré au Canada où elle a fini par entrer dans le volet de résidence en médecine familiale dans des Premières Nations éloignées à l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO).

« Le programme apportait beaucoup de soutien et tant la directrice locale que le directeur du programme étaient toujours accessibles. J’ai eu d’excellents précepteurs » dit-elle. Au cours de sa résidence dans la Première Nation d’Eabametoong, elle a vécu des expériences fondamentales dans la prestation de soins à une population des Premières Nations éloignée; population à laquelle elle prodigue maintenant des soins quotidiennement.

Selon la Dre Claudette Chase, directrice locale du volet de résidence en médecine familiale de l’EMNO dans des Premières Nations éloignées, Jacinta était avide d’apprendre et profondément compatissante et s’est vraiment épanouie dans le programme. Outre sa formation de base en médecine familiale, Jacinta a appris à prodiguer des soins aux Autochtones, et s’est renseignée sur la guérison et la médecine traditionnelles auprès d’aînés et de membres de la communauté.

L’enfance en Ouganda

Jacinta a grandi dans une ville rurale de 42 000 habitants dans le nord de l’Ouganda où la guerre sévissait depuis près de trois décennies.

« Nous arrivons tous dans ce monde avec un chemin tracé pour nous; nous trébuchons et tombons, mais nous nous relevons comme un phénix et reprenons notre route » pour expliquer que nous tombons vers l’avant et non pas en arrière lorsque nous consacrons notre temps et notre cœur au combat contre la souffrance humaine. Son vécu l’a conduite à devenir médecin de famille.

Elle doit au soutien, à la résilience et au dévouement de ses parents d’avoir pu continuer ses études. Les troubles de stress post-traumatique, les troubles de santé mentale, l’alcoolisme, le VIH/sida, la pauvreté et le taux élevé d’analphabétisme étaient légion dans son pays. En outre, en 1991, alors âgée de 15 ans, elle a failli être kidnappée par la milice dans son pensionnat. Durant l’attaque, 42 élèves ont été enlevées, et deux ont été assassinées. Heureusement, son dortoir a été épargné.

De cette expérience est née la ferme conviction qu’elle devait faire quelque chose pour lutter contre ces atrocités. Elle souhaitait servir les gens déplacés, sans abri et piégés dans le cycle sans fin de la pauvreté.

Devenir médecin

Jacinta a trouvé des encouragements et du soutien chez son oncle médecin qui l’a inspirée et a influencé son parcours professionnel. Il traitait inlassablement des blessures par balles pendant les décennies d’agitation politique.

Elle s’est réfugiée avec sa famille à Kampala, la capitale, en quête d’une meilleure éducation et de sécurité. L’expérience lui a instillé « un profonde compassion ». Dans cette ville, elle a pris la responsabilité de mobiliser des volontaires étudiants en médecine. Parallèlement à ses études de médecine, durant les congés, elle partait apporter de l’aide dans des hôpitaux locaux, sous la protection de l’armée. Elle a obtenu sa maîtrise en médecine interne à la Makerere University à Kampala en 2010.

Durant ses études de médecine, elle a aussi constaté que beaucoup de maladies étaient évitables. Désireuse de défendre les intérêts de sa communauté, elle a concentré sa formation dans une surspécialité sur les populations de zones dévastées. À cette époque, en Ouganda, l’espérance de vie moyenne était de 58 ans et la mortalité infantile avant l’âge de cinq ans était de 5,5 %. Plus de trois millions de personnes étaient séropositives et les maladies transmissibles, notamment la malaria, étaient la principale cause de décès. Il y avait une pénurie importante de ressources humaines en santé et d’infrastructure dans les communautés où elle a appris et travaillé.

Immigration au Canada

En 2011, alors enceinte de son troisième enfant, Jacinta a immigré au Canada pour se joindre à son mari. Après deux ans de bénévolat au Royal Inland Hospital à Kamloops (Colombie-Britannique), elle a été coordonnatrice d’un programme de santé mentale des enfants et des adolescents au Kamloops Aboriginal Friendship Center où elle s’est instruite et a collaboré avec des aînés, des survivants de pensionnats et 17 bandes des Nations Secwepemc.

Jacinta a accepté les pratiques culturelles des Premières Nations, notamment la roue de la médecine, la « wellbriety » (sobre et bien), les rôles des aînés, les cérémonies du tambour et la fabrication de tambours. Par-dessus tout, elle a été convaincue de l’importance d’établir des relations fondées sur la confiance.

Avant de venir à l’EMNO, la Dre Oyella avait publié plusieurs articles soumis à un comité de lecture, et reçu la Women Deliver International Scholarship en tant que championne mondiale de premier ordre de la santé, des droits et du bien-être des femmes. C’est son travail dans le domaine de la prévention de la transmission du VIH entre la mère et l’enfant en Ouganda qui lui a valu cette bourse d’études internationale prestigieuse.

Elle a également obtenu une subvention de recherche sur le VIH/sida du Fogarty International Center de l’American National Institute of Health pour mener une étude transversale sur la prévalence et les facteurs d’une infection fongique opportuniste mortelle, la cryptococcose, constatée principalement chez les personnes séropositives gravement immunosupprimées. Elle travaille avec des chercheurs de la Case Western Reserve University en Ohio.

La résidence à l’EMNO

À la fin du programme de résidence de l’EMNO en médecine familiale dans des Premières Nations éloignées en 2021, elle a été immédiatement recrutée par la Matawa Health Cooperative (MHC) où elle prodigue des soins primaires complets à des Premières Nations rurales et éloignées. Son expérience clinique l’a exposée aux iniquités en santé que connaissent beaucoup de patients autochtones et l’a inspirée à se lancer dans sa carrière actuelle.

« Son travail au MHC, qui est de fournir des services de santé pour assurer la santé et le bien-être durables de tous les membres des neuf Premières Nations de Matawa, témoigne non seulement de son dévouement et de son désir de servir les Premières Nations du Nord de l’Ontario, mais aussi de sa formation et de son sens remarquable de l’éthique en tant qu’être humain » affirme David Booth, coordonnateur de programme dans le volet de la résidence de l’EMNO en médecine familiale dans des Premières Nations éloignées.

À propos du volet de résidence en médecine familiale de l’EMNO dans des Premières Nations éloignées

En 2017, l’École de médecine du Nord de l’Ontario, la Première Nation d’Eabametoong et la   Matawa First Nations Management (MFNM) ont conclu une entente tripartite (appuyée par le ministère de la Santé) dans le but de préparer de futurs médecins de famille à exercer dans des communautés des Premières Nations dans le Nord de l’Ontario. L’entente est un grand succès pour le volet de résidence en médecine familiale dans des Premières nations éloignées car elle reflète le mandat de responsabilité sociale de l’École qui est de doter les résidentes et résidents de compétences en médecine familiale dans divers sites ruraux et éloignés d’apprentissage, et dans des centres urbains, notamment le Centre régional de santé de Dryden, le Centre de santé Meno Ya Win de Sioux Lookout et le Centre régional des sciences de la santé de Thunder Bay.

Le programme de résidence de l’EMNO en médecine familiale dans des Premières Nations éloignées est axé sur les soins primaires aux Premières nations et est le premier en son genre en Ontario. Il fait partie de seulement deux programmes de résidence en médecine familiale axés entièrement sur la santé des communautés des Premières Nations. Au Canada, entre 2006 et 2016, la population autochtone a augmenté de 42,5 %, un taux quatre fois plus élevé que celui de la population non autochtone; c’est aussi la population la plus grande et qui augmente le plus rapidement en Ontario.