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Ou sont-ils maintenant? Une diplômée de la toute première classe prospère dans l’exercice en milieu rural francophone

Posted on January 12, 2021

En y repensant, la Dre Lyndsay Berardi dit que l’expérience de sa mère avec le cancer du sein a enflammé son ambition de devenir médecin de famille. À l’époque, elle était une adolescente francophone de Kirkland Lake. Le diagnostic a marqué le début de nombreux voyages à Sudbury pour le traitement du cancer, et allait tracer le cours de sa carrière en médecine.

« Même si j’étais relativement jeune, j’étais très consciente de certaines inégalités dans l’accès aux soins de santé; je devais conduire trois heures et demie pour me rendre à Sudbury pour les rendez-vous en oncologie de ma mère, et il y a eu des périodes où je ne l’ai pas vue pendant six semaines parce qu’elle subissait des traitements de radiothérapie » dit-elle.

« C’est à ce moment-là qu’une carrière en médecine m’a de plus en plus attirée. Je suis allée étudier la biochimie à l’université avec la ferme intention de présenter une demande d’admission à l’école de médecine. C’était à peu près au moment de la création de l’EMNO et tout le monde dans le Nord de l’Ontario était très enthousiaste d’avoir une nouvelle école de médecine ».

« Aller à la nouvelle école de médecine est devenu mon but ultime. J’ai fait toutes mes études universitaires en me disant que je ferai partie de la toute première classe. L’objectif était d’entrer en médecine afin de pouvoir aider des gens comme ma mère en leur assurant l’accès à des soins de santé dispensés avec compassion et culturellement appropriés de la part de quelqu’un vraiment investi dans leurs soins. »

Aujourd’hui encore, la Dre Berardi affirme qu’elle s’efforce d’aider ses patients à s’y retrouver dans les méandres du système de santé : « Le système est compliqué pour les médecins, et à plus forte raison pour les patients qui ne sont pas bien et qui ont peur. C’est ce que j’ai vu arriver à ma mère et je tenais absolument à faire partie de la solution. »

La Dre Lyndsay Berardi a fait partie de la toute première classe de l’EMNO en 2005. C’est là qu’elle a rencontré son mari, le Dr Philip Berardi, membre lui aussi de la toute première classe, originaire de Sault Ste. Marie, et maintenant hématopathologiste à L’Hôpital d’Ottawa et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa. Ils ont trois enfants et vivent à Orléans, entre Rockland et Ottawa.

Le cabinet de médecine familiale de la Dre Berardi se trouve à Rockland, une communauté rurale francophone de quelque 10 000 personnes située à environ 45 minutes à l’est d’Ottawa. Elle dit avoir été attirée par la petite communauté francophone parce qu’elle lui rappelle le Nord de l’Ontario francophone. À Rockland, elle exerce entièrement en français « ce dont je suis très fière et que je suis heureuse de pouvoir faire », dit-elle.

« Nous avons toujours eu l’intention de retourner dans le Nord de l’Ontario, mais en raison du niveau de spécialisation de Phil, les emplois pour lui étaient principalement dans les grands centres tertiaires, c’est pourquoi nous avons choisi Ottawa. C’est aussi comme ça que j’ai découvert Rockland, où je travaille comme médecin de famille depuis que j’ai terminé ma résidence en 2011. »

Elle attribue à la défense des intérêts des francophones, au programme d’études et à l’inclusivité de l’EMNO le soutien qui lui a permis d’effectuer ses études de médecine en français.

« Sans l’EMNO, je ne sais pas si j’aurais pu acquérir l’expérience dans les communautés francophones, les compétences médicales et la terminologie en français nécessaires pour continuer à exercer entièrement en français. J’aurais probablement fini par exercer en anglais. »

« Étant née et ayant grandi à Kirkland Lake dans une famille francophone, j’accordai beaucoup d’importance au maintien de la langue française. L’EMNO a toujours mis l’accent sur les soins de santé en français et les apprécie à leur juste valeur; tous les efforts ont été faits pour me permettre d’apprendre et d’exercer en français. »

« Les termes médicaux en français ne sont pas tous des mots couramment utilisés; il y a donc eu une courbe d’apprentissage au cours des dix dernières années quand je n’exerçais qu’avec des médecins et des patients francophones. Je ne pense pas que j’aurais été à l’aise si l’EMNO ne m’avait pas donné la possibilité d’apprendre la médecine en français. »

À son avis, la sensibilité culturelle est un point fort fondamental du programme de médecine de l’EMNO, tout comme l’approche de l’École en matière de compétences cliniques : « Pendant mes études à l’EMNO, j’ai eu l’occasion de me concentrer sur les compétences cliniques dès le début. C’est ce qui fait le succès de l’École. J’enseigne maintenant à des médecins en deuxième année de résidence dans des endroits comme l’University of Toronto, qui n’ont fait que lire les compétences que la population étudiante de l’EMNO a appliquées plusieurs fois. »

« Par exemple, quand je suis arrivée en résidence, j’avais fait plusieurs ponctions lombaires, alors que d’autres disaient qu’ils n’avaient fait que lire plusieurs documents à ce sujet. C’est la beauté de l’EMNO, et de la médecine rurale. C’est une approche très pratique de l’apprentissage de la médecine. Il n’existe pas non plus entre les résidents de hiérarchie dans laquelle il faut se frayer un chemin pour avoir l’occasion d’essayer. »

« Pouvoir travailler dans une communauté rurale et fournir des soins en français sont deux choses qui m’importent. J’espère que même si nous n’avons pas pu retourner dans le Nord de l’Ontario, les gens sont conscients de la valeur de pouvoir fournir des soins en français dans une communauté rurale. »

« Je me sens redevable à l’EMNO. Le programme a changé ma vie : c’est là que j’ai rencontré mon mari, et c’est là que j’ai eu du soutien pendant ma formation car les études de médecine et la résidence ne sont pas faciles. Je suis très reconnaissante au corps professoral de Sudbury d’avoir pris le temps de m’enseigner. Sans les nombreuses heures qu’il a consacrées à mon apprentissage et à la réussite de l’École, nous ne serions pas là où nous sommes actuellement dans notre vie. Je ressens ce sentiment de gratitude chaque jour et chaque fois qu’une étudiante ou un étudiant ou une résidente ou un résident travaille avec moi. Je suis très reconnaissante à l’EMNO pour cela. »