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Un message à toutes les étudiantes et tous les étudiants,

Posted on December 19, 2019

Par le Dr Jonathan DellaVedova, Clinicien responsable du bien-être, Formation médicale postdoctorale à l’EMNO :

Chaque année au mois de décembre, j’apprécie les lumières scintillantes, les mets réconfortants et les invitations aux réceptions de Noël; un festival de lumières et de convivialité pendant cette période la plus sombre de l’année. Décembre peut être difficile, surtout quand on n’a pas de liens et que le lustre des fêtes ne tient pas ses promesses. Nous, les résidents et médecins, sacrifions aussi notre période de rechargement afin que d’autres puissent être joyeux. Décembre dernier fut pour notre école la période la plus difficile car nous avons malheureusement perdu un des nôtres.

Une conseillère ici, à Sault Ste. Marie, a fait une analogie au sujet du suicide que je n’oublierai jamais. Elle a dit que le suicide est comme un casse-tête. Vous pouvez avoir un morceau et moi un autre, mais malheureusement, personne ne les possède tous. Si toute personne raisonnable les avait, elle lâcherait tout, se précipiterait à la rescousse et le suicide n’existerait pas. Mais ce n’est pas comme cela que ça marche. Même les gens les plus proches de la personne peuvent avoir seulement quelques indices et tous les gens qui restent sont surpris par la quantité de renseignements qu’ils ne possédaient pas, ce qui laisse des sentiments de tristesse, d’anéantissement, de regret et de culpabilité.

La semaine dernière, un autre étudiant en médecine s’est suicidé. Dans ce cas, je n’ai absolument aucun morceau du casse-tête et vous pourriez dire que je n’ai pas besoin d’écrire sur le sujet. Mais je dis « nous » parce que même si le suicide s’est produit dans une autre école, il reste que notre famille de formation en médecine est petite. Nous faisons tous la même expérience, une expérience que les gens de l’extérieur ne peuvent pas comprendre et que nous ne voulons pas nécessairement qu’ils comprennent.

Il se peut que les exigences de la formation en médecine n’entrent pas en jeu dans cette tragédie en particulier, mais il suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques pour voir que notre profession et ses étudiants sont vulnérables. Il est impossible de ne pas s’interroger sur le rôle de l’environnement de formation où les enjeux sont grands, des pressions sociales, des pressions financières, des expositions répétées aux traumatismes et de ce qui se passe quand nous ne progressons pas comme prévu.

Notre profession se trouve à l’avant-garde de l’avancement de la santé. Singulièrement, les preuves et les données nous motivent. Et pourtant, nous sommes coincés lorsqu’il s’agit du suicide. Nous sommes des humanitaires qui n’ont pas conscience de leur humanité.

Quand, selon l’AMC, 8 % des médecins ont envisagé de se suicider l’année dernière, il est clair que l’ensemble du système doit être révisé. En attendant, qu’est-ce qu’un programme ou une école peut faire dans le contexte général des systèmes de santé et d’éducation? Je me tourne vers mes collègues, certains leaders les plus attentionnés et influents que j’ai rencontrés. Ne pourrions-nous pas, en tant que nouvelle école que les traditions n’emprisonnent pas et gratifiée d’innovateurs, prendre quelques morceaux du casse-tête?

C’est la période de Noël et « Imagine » de John Lennon tourne à plein tube. Imaginez un monde où les étudiants qui éprouvent des difficultés scolaires obtiennent sans tarder la planification et l’encadrement dont ils ont besoin. Imaginez que nous possédons plus qu’assez de professeurs qualifiés pour offrir l’attention supplémentaire que nos étudiants méritent. Imaginez un monde où les étudiants en proie à des problèmes de santé mentale peuvent faire une pause ou obtenir une réduction de leur charge de travail sans être stigmatisés. Imaginez un monde où les protections fondamentales des étudiants prévues dans les conventions collectives sont respectées au strict minimum et sans entraîner de reproches. Imaginez que tous les étudiants ont accès rapidement à des soins primaires, des soins psychiatriques et de la psychothérapie quand ils en ont besoin, y compris à des séances de bilan après des événements traumatisants. Imaginez un monde où nos étudiants profitent des nombreux bienfaits des stages éloignés sans avoir à se soucier du logement ou de l’isolement social. Imaginez un monde où les étudiants reçoivent le soutien moral, pratique et financier s’ils apprennent que la médecine clinique n’est pas pour eux. Imaginez que nous apprenons tous dans un climat de coopération, de collégialité, de respect et de bonté. Tout cela est à notre portée si nous avons la volonté d’y arriver.

Je ne peux m’empêcher d’observer le pic du nombre d’étudiants qui demandent de l’aide avant les fêtes. Pour nos résidents en première année, le vernis de la résidence s’use. Pour les résidents des années supérieures, une période d’études intenses pour les examens commence. Et nos étudiants en milieu de résidence traversent péniblement des années de clinique chargées. Nous sommes tous touchés par la rareté de lumière naturelle à cette période de l’année. Tous nos résidents travailleront une partie des vacances et je n’arrive pas à me souvenir d’un 2 janvier pendant ma résidence où j’ai eu l’impression d’avoir effectivement fait une pause. La convivialité et le repos que cette période est censée apporter peuvent facilement se perdre dans la mêlée.

Ceci dit, si vous avez des bases solides cette année, prenez quelques minutes pour envoyer une invitation, une carte, une note ou un mot gentil à un collègue. Cela fait beaucoup de bien. En attendant, la doyenne et d’autres cadres supérieurs de l’EMNO ont réitéré leur engagement à effectuer des changements qui créeront un environnement d’apprentissage plus sain, plus humain, plus souple et plus ouvert. Nous avons donc une raison non seulement d’imaginer mais aussi d’espérer.

Ressources pour les étudiants, les résidents et le corps professoral de l’EMNO :

Ligne d’assistance 24 h/24 PARO : 1-866-435-7362
Physician Health Program : 1-800-663-6729
Dr Jonathan DellaVedova : residentwellness@nosm.ca
Affaires étudiantes : learneraffairs@nosm.ca
Morneau-Shepell : workhealthlife.com